[Interview] Les 3 techniques scéniques que chaque avocat devrait maîtriser pour des plaidoiries percutantes

À retenir

• Un bon discours repose sur l’authenticité, la structure narrative et la gestion du rythme.
• La parole est une arme d’influence : elle se travaille comme un outil professionnel.
• L’expérience scénique permet de développer des réflexes précieux pour l’oral juridique.
• Maîtriser sa voix, son regard, son énergie peut transformer une plaidoirie.

Qui est Sébastien Wust ?

• Ancien avocat pénaliste et civil, inscrit au barreau de Marseille pendant 18 ans.
• Spécialisé dans la défense des victimes, y compris aux assises.
• En 2021, il quitte la robe pour créer un spectacle : “Maître, vous avez la parole.”
• Il y raconte avec humour et sincérité les coulisses du métier d’avocat.
• Objectif : casser les clichés, transmettre une image plus humaine de la profession.

Le succès est au rendez-vous : plus de 200 représentations. Wust devient une figure du pont entre droit et art oratoire. Un ancien confrère devenu passeur de parole.

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Pourquoi l’expérience de la scène est précieuse pour les avocats ?

Parce qu’elle permet de travailler en profondeur ce que l’on oublie souvent : la forme.

Sur scène, Sébastien Wust a appris à :

• Gérer le trac avec des outils concrets (sophrologie, respiration, visualisation).
• Jouer avec le rythme d’un texte pour maintenir l’attention.
• Adapter son discours à la salle et à l’énergie du public.
• Travailler sa voix et ses silences comme des leviers d’émotion.

Des compétences directement transposables à la plaidoirie.

Les 3 techniques issues de la scène que tout avocat devrait connaître

1. L’authenticité : capter par la sincérité

Une parole creuse ou surjouée perd immédiatement son impact. À l’inverse, une parole sincère – même imparfaite – retient l’attention. Sur scène, Wust a dû désapprendre la posture distante de l’avocat pour incarner un discours personnel et vrai.

À faire :

• Évitez le ton monocorde ou trop scolaire.
• Exprimez vos convictions avec vos mots à vous.
• Utilisez l’émotion quand elle est juste : ne la fuyez pas, encadrez-la.

Exemples d’authenticité orale :

• « Ce dossier m’a touché, car… »
• « Ce que je veux que vous reteniez, c’est simple… »
• « Écoutez bien ceci. »

2. La structure : penser comme un scénariste

Une plaidoirie, comme un bon spectacle, doit avoir une colonne vertébrale. Il ne s’agit pas d’aligner les arguments mais de raconter une histoire, de guider le juge du point A au point Z.

Structure recommandée :

• Une entrée marquante : une anecdote, une image, un fait brut.
• Un fil conducteur : une idée simple que vous répétez à différentes étapes.
• Un crescendo : avancez dans l’intensité jusqu’au point d’orgue.
• Une conclusion forte : synthèse + impact émotionnel ou intellectuel.

3. Le rythme : tenir la durée sans perdre l’audience

Une voix monocorde endort. Un discours trop rapide épuise. Une parole hachée déroute. Le rythme est ce qui permet de maintenir le lien.

Sébastien Wust utilise les outils suivants pour gérer son tempo :

• Respiration basse avant de parler.
• Pauses volontaires après les phrases fortes.
• Accélérations mesurées sur les passages techniques.

À tester lors de vos plaidoiries :

• Alternez entre phrases longues et courtes.
• Faites un silence de 2 secondes après un argument central.
• Terminez chaque partie par une phrase courte, forte, isolée.

Exemples :

• « Ce n’est pas seulement une faute. C’est une injustice. »
• « L’accusé n’a pas nié. Il a expliqué. »
• « Voilà ce qui compte, Monsieur le Président. »

Conclusion

La plaidoirie n’est pas qu’un exercice juridique. C’est une performance. Une prise de parole qui engage, qui expose, qui touche. L’expérience scénique de Sébastien Wust rappelle une chose : bien dire, c’est souvent ce qui fait toute la différence.

Points clés :

• Votre parole est votre outil le plus stratégique.
• Une bonne structure donne du souffle à vos arguments.
• Le rythme et l’authenticité renforcent votre impact.
• Vous pouvez travailler votre voix, votre présence, votre énergie.