Pourquoi et comment l’avocat est devenu un acteur central de la philanthropie moderne : enjeux, structures, conformité et impact
La philanthropie se transforme : découvrez comment l’avocat en devient l’architecte de confiance au 21ᵉ siècle.
Et si la philanthropie ne se résumait plus à des dons désintéressés, mais à des projets structurés, durables et stratégiques ? Dans un monde où les engagements sociétaux se professionnalisent, l’avocat devient un acteur clé. Grâce à sa double casquette de juriste et de tiers de confiance, il sécurise, encadre et donne du sens à ces engagements.
C’est le message fort du webinaire animé par Maître Maximilien Marxer, avocat aux barreaux de Paris et du Liechtenstein.
À retenir
L’avocat du XXIᵉ siècle ne se contente plus de conseiller : il conçoit, encadre et pérennise les projets philanthropiques.
Il agit comme un architecte juridique, un garant de conformité et un facilitateur de sens.Ses rôles clés :
- Choisir la structure juridique adaptée : fondation, fonds de dotation, fiducie, etc.
- Assurer la traçabilité et la conformité des financements
- Intégrer la philanthropie dans une stratégie patrimoniale
- Accompagner la gouvernance et la transmission intergénérationnelle
- Garantir l’éthique dans l’usage des nouvelles technologies (IA, blockchain)
Philanthropie : définition et évolution
Dérivé du grec philos (amour) et anthropos (humain), la philanthropie est l’amour structuré de l’humanité. Ce n’est plus seulement un acte de générosité : c’est un outil stratégique au service du bien commun.
De la charité à la stratégie
- Antiquité & Christianisme : vertu civique et divine.
- Renaissance & Lumières : habitude du bien, progrès social (cf. Médicis).
- Révolution industrielle & XXᵉ siècle : mécénat structuré (Carnegie, Rockefeller…).
- Aujourd’hui : démarche professionnelle, mesurable et encadrée.
L’avocat, nouvel architecte de la philanthropie
Son rôle s’articule autour de quatre axes majeurs :
- Juriste structurant : il identifie les cadres juridiques les plus adaptés (fondation, fonds de dotation, fiducie…).
- Expert fiscal et réglementaire : il assure la conformité aux obligations locales et internationales (AML/CFT, fiscalité, gouvernance).
- Tiers de confiance : il garantit la transparence, la traçabilité des flux et l’éthique de la gouvernance.
- Facilitateur de transmission : il accompagne les familles dans la transmission intergénérationnelle de leur patrimoine et de leurs valeurs.
Plus qu’un conseiller, l’avocat devient aujourd’hui l’architecte d’une philanthropie engagée, éthique et durable, au service des générations futures.
Les structures juridiques possibles
En France :
- Fonds de dotation : souple et fiscalement avantageux.
- Fondation RUP (Reconnue d’Utilité Publique) : pérennité, encadrement rigoureux.
- Association : proximité et engagement citoyen.
- Fiducie : outil flexible à usage philanthropique encore sous-utilisé.
À l’international :
- Trusts (UK, US, etc.)
- Fondations privées/mixte (Liechtenstein, Luxembourg…)
Philanthropie et stratégie patrimoniale
Longtemps perçue comme une démarche marginale ou purement altruiste, la philanthropie s’impose désormais comme un levier stratégique dans la gestion et la transmission du patrimoine. Elle permet de concilier objectifs fiscaux, valeurs familiales et impact sociétal, en particulier dans un contexte de transmission intergénérationnelle.
La philanthropie devient un vecteur de sens et de continuité familiale :
- Impliquer les héritiers dès aujourd’hui : intégrer les enfants ou petits-enfants dans la gouvernance d’une fondation ou d’un fonds de dotation permet de les responsabiliser autour d’un projet commun, porteur de sens.
- Créer des chartes familiales : en définissant des valeurs partagées, une vision à long terme et des règles de gouvernance, la philanthropie devient un socle éthique pour la famille et un outil de cohésion générationnelle.
- Aligner stratégie patrimoniale et engagement sociétal : via une fondation, une fiducie ou un fonds de pérennité, l’engagement philanthropique peut être structuré pour renforcer l’image de la famille ou de l’entreprise tout en optimisant la gestion d’actifs.
Conformité : un enjeu fondamental
À l’heure de la mondialisation des flux et de la multiplication des risques géopolitiques, la philanthropie ne peut plus échapper aux obligations de conformité. Un don généreux ne suffit plus : il doit être juridiquement sécurisé, traçable, et éthique. Toute initiative philanthropique – surtout si elle est transfrontalière – est soumise à des contrôles stricts, identiques à ceux du secteur financier.
Trois piliers indispensables pour une philanthropie conforme :
1 – AML/CFT (Anti-Money Laundering / Countering the Financing of Terrorism)
Toute opération philanthropique peut, sans encadrement, être détournée à des fins illicites. Le respect des obligations en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme est donc impératif, même pour les ONG ou fondations à vocation sociale ou éducative.
2 – Due diligence renforcée
Avant tout transfert de fonds, il est essentiel d’analyser les bénéficiaires, les structures impliquées, les circuits financiers et les zones géographiques concernées. Cela inclut :
- La vérification des personnes physiques ou morales bénéficiaires
- Le contrôle des partenaires via les listes de sanctions internationales (OFAC, UE, ONU)
- L’évaluation des risques pays (zones de conflit, juridictions sous surveillance)
3 – Transparence documentaire
Une philanthropie conforme repose sur une documentation complète et accessible :
- Statuts de l’organisation bénéficiaire
- Rapports d’activité récents
- Origine et affectation des fonds
- Justificatifs de gouvernance et de contrôle interne
Philanthropie numérique : transparence, impact et sécurité
La philanthropie entre dans une nouvelle ère grâce au numérique. Plus transparente, plus stratégique et plus connectée, elle s’appuie sur des technologies innovantes, mais nécessite un encadrement juridique strict. L’avocat y joue un rôle central.
Les apports du numérique en philanthropie :
- Blockchain : meilleure traçabilité des dons, sécurité des flux financiers.
- Smart contracts : automatisation des versements, transparence des engagements.
- Intelligence artificielle en philanthropie : analyse prédictive, mesure d’impact en temps réel, allocation intelligente des ressources.
- Plateformes collaboratives : effet levier entre donateurs, mutualisation des actions.
Les risques à anticiper :
- Biais algorithmiques : discrimination involontaire dans la sélection des projets.
- Flou juridique : absence de régulation claire pour certains outils numériques.
- Algocratie : perte de contrôle humain dans la gouvernance des décisions.
Le rôle de l’avocat dans la philanthropie numérique :
- Encadrer juridiquement l’usage de la blockchain et de l’intelligence artificielle.
- Assurer la conformité avec les normes AML/CFT, RGPD, FATF…
- Garantir une gouvernance éthique : faire de la technologie un outil au service du bien commun.
L’intelligence artificielle en philanthropie est un levier puissant, à condition d’être encadrée avec rigueur et humanité.
Qui est Maître Maximilien Marxer ?
Avocat au barreau de Paris depuis 2012 et inscrit au barreau du Liechtenstein depuis 2014, Maître Maximilien Marxer incarne une nouvelle génération de juristes internationaux. Également notaire et fiduciaire régulé au Liechtenstein, il intervient sur des problématiques complexes de structuration patrimoniale, philanthropique et entrepreneuriale, notamment dans un contexte transfrontalier (France, Suisse, Liechtenstein). Fort de plus de dix ans d’expérience, il accompagne des familles, des entrepreneurs et des institutions dans la création de projets à impact durable. Il est aussi partenaire d’Impact Trust AG, avec qui il développe des solutions innovantes au service du bien commun. Sa vision : mettre le droit au service d’une philanthropie engagée, éthique et structurée.
En savoir plus : www.marxer.legal
Conclusion
La philanthropie du XXIᵉ siècle est globale, numérique et exigeante. L’avocat y tient une place centrale, en conciliant droit, éthique et impact social.
Points à retenir :
- La philanthropie devient un pilier stratégique du patrimoine
- L’avocat est l’architecte de sa structuration juridique et fiscale
- La conformité (AML/CFT) est incontournable
- La technologie amplifie l’impact, mais requiert vigilance éthique
L’avocat agit comme un pont entre générations, valeurs et société.

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