[Interview] Comment réussir son expatriation juridique : l’expérience inspirante de Maître Jean-Marc Moinard à Barcelone
Découvrez le parcours atypique d’un avocat français à Barcelone et les enjeux de APPEAL-E, le réseau mondial des avocats francophones.
Travailler à l’étranger quand on est avocat français, c’est à la fois un défi et une aventure. Maître Jean-Marc Moinard, installé à Barcelone, partage son expérience du droit international, ses débuts hors de France, et son engagement au sein du réseau APPEAL-E. Avec passion, il évoque la réalité du métier à l’étranger, les difficultés administratives ou fiscales rencontrées, mais aussi les opportunités de collaboration entre confrères francophones.
À retenir :
Exercer en tant qu’avocat français à l’étranger, c’est souvent une vocation… mais aussi un parcours semé d’embûches. Maître Jean-Marc Moinard partage son expertise et son engagement avec APPEAL-E, un réseau d’entraide pour les avocats exerçant hors de France.
- L’association APPEAL-E soutient les avocats français expatriés dans leurs démarches.
- Il est indispensable de parler plusieurs langues pour exercer efficacement à l’international.
- Le marché juridique espagnol est saturé et peu rémunérateur comparé à la France.
- La pratique du droit varie fortement selon les pays, notamment au niveau linguistique.
- Les opportunités existent surtout pour les profils experts et multilingues.
Un avocat français à Barcelone : un choix de vie et de carrière
Installé depuis plusieurs années en Espagne, Maître Jean-Marc Moinard n’en est pas à son premier tour du monde. Cet avocat au Barreau de Paris a exercé en Chine et travaille quotidiennement à l’international avec certain de ses clients notamment au Canada, au Brésil et dans bien d’autres pays. Aujourd’hui, il partage son quotidien entre la Catalogne et sa clientèle française, européenne et internationale.
« Je suis venu ici d’abord pour des raisons personnelles, mais aussi pour me rapprocher de ma clientèle, notamment catalane qui dédouane pour grande partie au port de Barcelone.»
Depuis Barcelone, il continue de conseiller de grands groupes industriels sur les réglementations européennes et les contrats internationaux.
APPEAL-E : une association au service des avocats français à l’étranger
Créée il y a quelques années par des avocats parisiens expatriés, l’association APPEAL-E a pour vocation de soutenir les avocats français inscrits à un Barreau étranger, souvent isolés ou mal représentés dans les structures classiques de la profession.
Les missions de APPEAL-E :
- Défendre les intérêts des avocats français non-résidents (clé RPVA, prévoyance, retraite, reconnaissance administrative).
- Cartographier les avocats français dans le monde (via un annuaire international).
- Créer un réseau d’entraide et de lobbying entre confrères francophones.
« Il y a plus d’avocats français à l’étranger que dans un barreau comme Nantes ! C’est un mini-barreau mondial. »
L’association APPEAL-E est ouverte à tous les avocats français exerçant hors de France, qu’ils soient inscrits au Barreau de Paris ou dans un autre barreau français. Elle est aussi gratuite.
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Un marché juridique espagnol très concurrentiel
Contrairement à la France, où les tarifs sont relativement homogènes, le marché espagnol du droit est très concurrentiel. Maître Moinard le confirme : les honoraires font l’objet d’une âpre concurrence entre cabinet, même dans les cabinets réputés.
« Ici, même un associé senior dans un gros cabinet est moins bien payé que son équivalent à Paris. »
Pratiquer le droit en Espagne : quelles différences ?
En Espagne, la décentralisation juridique est forte, il existe des régles de droit typiquement locales, notamment en Catalogne. Une particularité notable : le demandeur choisit la langue de la procédure (castillan ou catalan). Un avocat doit donc pouvoir plaider dans les deux langues.
En revanche, pour le droit des affaires, le socle juridique européen harmonise beaucoup de pratiques avec la France.
« Le droit des affaires est de plus en plus harmonisé, mais la langue et les procédures locales changent tout.»
- Parler castillan et anglais est indispensable ; le catalan est un vrai plus.
- Se spécialiser dans un domaine de niche pour se démarquer.
- S’appuyer sur des réseaux professionnels francophones pour développer sa visibilité.
S’expatrier en tant qu’avocat : opportunités et limites
Les opportunités en Espagne existent, mais elles concernent avant tout des profils très spécialisés, ou des avocats déjà bien installés. Monter un cabinet sur place demande une forte expertise, un réseau solide, et une bonne connaissance des langues.
« Les places sont chères. Si vous ne cochez pas toutes les cases, ça sera compliqué. »
Le réseau, clé de la réussite à l’international
Jean-Marc Moinard le répète : le réseau est un levier indispensable. C’est grâce à ses connexions – notamment via APPEAL-E – qu’il collabore avec des confrères partout dans le monde, du Brésil à l’Afrique, en passant par l’Asie.
Il utilise aussi LinkedIn pour maintenir sa visibilité, tout en gardant une approche modeste et qualitative.
Conclusion
L’expérience de Maître Jean-Marc Moinard montre que le droit peut être exercé à l’international avec passion et engagement, à condition d’avoir un positionnement clair, une spécialisation solide et un bon réseau.
- L’association APPEAL-E structure le réseau mondial des avocats français.
- Exercer à l’international demande polyvalence linguistique et spécialisation.
- Le marché juridique espagnol est très concurrentiel et moins rémunérateur.
- La pratique du droit varie fortement selon les pays, notamment en Catalogne.
- Les opportunités d’expatriation sont rares mais possibles pour les profils experts.
- Un réseau solide est indispensable pour réussir à l’international.