« Uberisation » des avocats, La Gazette du Palais

« 1 par jour », c’est la fréquence de création des nouveaux sites internet mettant en relation les cabinets d’avocats et leurs clients potentiels, rapporte la commission d’Exercice du droit au CNB. La tendance s’est accélérée depuis décembre 2015, elle voit naître des plateformes spécialisées sur le modèle des sites TripAdvisor, Booking, ou encore Blablacar. Entre l’innovation et un conflit déontologique entrainé au sein de la profession, que pouvez-vous attendre des principaux sites Alexia, Avostart et Justifit ?


Nés il y a moins de quatre ans, chacun de ces sites a choisi de révolutionner le modèle de l’annuaire professionnel : ils veulent différencier chacun de leurs membres et offrir une sélection personnelle d’avocats au grand public. Pourtant les premières réactions d’avocats ne se sont pas montrées enthousiastes. En effet, qui dit annuaire, dit comparaison de services ; un principe longtemps interdit dans la profession d’avocats jusqu’à la réforme de la Loi Hamon. La déontologie est formelle, deux avocats ne peuvent être comparés sur leurs parcours ou leurs honoraires. Les professionnels, d’abord réticents, ont néanmoins pris conscience de l’évolution d’une demande souvent perdue quand elle recherche un avocat sur internet. C’est pourquoi plusieurs d’entre eux se lancent chaque jour dans l’aventure du numérique.

Site de référencement le plus abouti et créé en 2012, Alexia (avocat.net au départ) référence aujourd’hui plus de 4800 avocats en France et concentre près de 476 000 visiteurs mensuels. En 2012, le site fut assigné par le CNB devant le TGI de Paris et du changer son nom de domaine incluant « avocat ». Sans craindre le sujet tabou, le site se donne dès sa page d’accueil comme un comparateur d’avocats permettant à l’utilisateur de trouver le meilleur avocat au meilleur tarif. Le site permet en effet de poser librement une question à un avocat et demander un devis gratuit. De son côté l’avocat souscrit à un forfait de 100€ à 1000€ convertis en unités. Il dépense une unité à chaque réponse de devis.
« Aux États-Unis, le principal site de mise en relation entre avocats et clients, Avvo.com, fait l’objet d’une valorisation d’environ 850 millions de dollars ! » confie Pierre Aïdan, fondateur et directeur général d’Avostart.fr à sa sortie d’Harvard. Le site référence gratuitement plus de 1500 avocats référencés automatiquement et avertis par mail qu’ils peuvent se retirer à tout moment de la plateforme. L’entreprise envisage à l’avenir de facturer une version premium à ses utilisateurs. Le site fut également assigné par le CNB car il posait un problème de garantie que les personnes référencées sont bien des avocats. Depuis Avostart.fr garantit l’authenticité de ses membres afin d’instaurer un contrôle qualité du réseau.
Justifit s’est appuyé sur la stratégie de sites qui référencent les médecins depuis 2013. Diplômé de l’EDHEC, Benjamin Bing souhaite proposer aux particuliers et aux entreprises un guide d’avocats et non un annuaire. Une recherche par domaine de droit et par géolocalisation permet au demandeur de service juridique d’accéder à la fiche détaillée d’avocats de sa localité, incluant toutes les informations de leurs cabinets. L’adhésion annuelle au site est disponible à partir de 259€€. La politique de la plateforme est claire, ne pas référencer plus de 10% des avocats de chaque barreau afin de préserver la visibilité de chacun et répartir ces derniers sur l’ensemble du territoire national. Aujourd’hui 160 avocats et 20 cabinets participent du réseau Justifit, premier site conçu en partenariat avec des avocats et respectant la déontologie du CNB.
Il est indéniable que les plateformes spécialisées de mise en relation aux avocats se développent de plus en plus en France depuis plusieurs mois. Et pour cause, elles répondent à une demande réelle, celle d’une recherche simplifiée d’avocats sur internet. Ces sites se heurtent néanmoins aux institutions qui régissent encore la profession d’avocat en France. Incontournables et force de prescription, elles influencent grandement les professionnels du droit et s’attachent toujours plus à protéger les justiciables de ces nouvelles plateformes, dont elles valident souvent le lancement.
En 2014 une étude Xerfi révélait que 25% des rendez-vous avec les professionnels du droit sont pris sur internet en France. Si internet constitue une voie d’avenir pour les avocats, encore faut-il définir les bénéfices de cette libéralisation pour les avocats et leurs clients. À terme, tous les avocats seront inscrits sur au moins une plateforme dédiée.
Cliquez ici pour en savoir plus

Découvrir plus de catégories :




content