Femmes avocates : quelles sont les 5 figures phares ?

En cette Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, mettons en avant les femmes avocates qui ont façonné l’histoire des droits des femmes en France. De Jeanne Chauvin, la première femme avocate en France, à Gisèle Halimi, qui a lutté inlassablement pour le droit à l’avortement et contre les violences sexuelles, ces figures de proue ont été essentielles dans la marche vers l’égalité.

Leur engagement, de la bataille pour l’égalité salariale à l’inscription historique de l’IVG dans la Constitution française en 2024, souligne la détermination indispensable pour surmonter le sexisme et l’injustice. Il faut sans cesse rappeler le besoin constant de vigilance et d’engagement pour sauvegarder et avancer les droits de toutes les femmes. Leur legs est un puissant rappel que le combat pour l’égalité, la justice et le respect continue.

 

Un peu d’histoire

L’histoire des droits des femmes en France est un exposé complexe de luttes, de régressions et d’avancées majeures. Malgré l’appel retentissant d’Olympe de Gouges en 1791 pour l’égalité des droits à travers la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, la Révolution française n’a pas modifié la condition féminine. Au contraire, le Code civil de 1804 a institutionnalisé l’infériorité légale des femmes, en leur imposant l’obéissance à leur mari.

Toutefois, le XXe siècle a marqué un tournant décisif qui débute avec le droit de vote accordé aux femmes en 1944, une reconnaissance tardive qui a ouvert la voie à des réformes plus ambitieuses concernant l’égalité salariale, l’accès à l’emploi, la contraception, et l’autorité parentale conjointe. Les années 1970 ont été particulièrement dynamiques, marquées par des avancées telles que la loi Veil de 1975 autorisant l’IVG, une réforme du divorce favorisant l’égalité et la reconnaissance du viol entre époux.

La fin du XXe siècle et le début du XXIe ont vu des efforts continus pour parvenir à l’égalité de fait, malgré la résistance systémique à l’égalité femmes-hommes. Le mouvement #MeToo, survenu des décennies après ces réformes, a souligné l’urgence de lutter contre les violences sexistes et sexuelles, un combat qui reste d’actualité.

Dans ce contexte, le 4 mars 2024 est devenu un moment historique avec l’approbation par le Congrès d’un projet de loi constitutionnelle visant à inscrire définitivement l’IVG dans la Constitution française. Une mesure promulguée le 8 mars 2024 symboliquement à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Cette décision représente une victoire capitale dans le long combat pour les droits des femmes, un combat qui, comme le soulignait Simone de Beauvoir, exige une vigilance constante face aux crises politiques, économiques ou religieuses susceptibles de remettre en question ces acquis.

Les femmes avocates

Dans cette longue histoire de progrès et de défis, le rôle des femmes avocates est inestimable. Elles ont été à l’avant-garde de la lutte pour l’égalité juridique, familiale et civique, utilisant leur expertise pour défendre et promouvoir les droits des femmes. Jeanne Chauvin, Gisèle Halimi, et bien d’autres avocates ont marqué l’histoire par leur engagement déterminé en faveur de la justice et de l’égalité. Qui mieux que ces porte-voix engagés peuvent incarner la défense et la promotion des droits des femmes ? À travers leur travail acharné et leur plaidoyer, ces femmes ont contribué à façonner un monde où l’égalité juridique, civique et familiale se rapproche davantage d’une réalité tangible pour toutes. Chimamanda Ngozi Adichie, bien que n’étant pas avocate mais écrivaine et conférencière, a su, à travers son discours célèbre « We should all be feminists », inspirer un mouvement global de réflexion et d’action pour l’égalité des genres.

Quelles sont les dates clés des droits des femmes ?

L’évolution du droit international des droits de la femme s’articule autour de plusieurs milestones:

  • 1791 : Emergence de la Déclaration des Droits de la Femme et de la citoyenne. Elle « naît libre et demeure égale à l’homme en droits ».
  • 1880 : Accès des filles à l’enseignement secondaire en droit de l’éducation
  • 1900 : Serment de Jeanne Chauvin et Sophie Balachowsky-Petit, premières femmes avocates à entrer au barreau
  • 1944 : De Gaulle accorde le droit de vote et le droit d’éligibilité aux femmes.
  • 1975 : Grâce au travail de Simone Veil, l’IVG, Interruption volontaire de grossesse est légalisée en France. En parallèle, mise en place de l’obligation de mixité pour tous les établissements publics d’enseignement.
  • 2001 : Adoption d’une nouvelle loi sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes
  • 2020 : Mise en place d’un décret anti-rapprochement qui permet de contrôler à distance conjoints ou ex-conjoints violents
  • 2024 : Le 4 mars 2024, le Parlement, réuni en Congrès, a approuvé le projet de loi permettant d’inscrire définitivement l’IVG dans la Constitution. Une cérémonie de scellement aura lieu le 8 mars 2024
Points clés à retenir :
  • Le 4 mars 2024, le Parlement a approuvé le projet de loi permettant d’inscrire définitivement l’IVG dans la Constitution. 
  • En 2001, adoption d’une nouvelle loi sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes.
  • En 1944, De Gaulle accorde le droit de vote et le droit d’éligibilité aux femmes.

Les 5 femmes avocates porte-parole des droits des femmes 

Parmi les avocates, nombreuses sont celles qui ont marqué de leur empreinte le chemin vers l’égalité des droits des femmes. Bien que difficile de n’en choisir que cinq, certaines figures se distinguent par leur contribution exceptionnelle :

Jeanne Chauvin (1862-1926)

Jeanne Chauvin est une figure pionnière du droit français, étant la deuxième femme à obtenir un diplôme en droit en France et la première femme autorisée à exercer la profession d’avocate dans ce pays. Malgré l’obtention de son diplôme en 1892, elle a dû attendre jusqu’en 1900 pour exercer en raison des lois qui interdisaient aux femmes de pratiquer le droit. Chauvin a joué un rôle fondamental dans l’évolution de ces lois, ouvrant la voie à la future génération de femmes dans la profession juridique.

Gisèle Halimi (1927-2020)

Née en Tunisie, Gisèle Halimi a été une avocate, militante et écrivaine française, dont la vie a été consacrée à la lutte pour l’égalité des sexes. Elle s’est particulièrement illustrée dans le combat pour le droit à l’avortement, notamment à travers le procès de Bobigny en 1972, où elle a défendu une mineure accusée d’avoir avorté après un viol. Ce procès fut un moment clé dans la mobilisation pour la légalisation de l’IVG en France. Halimi a également fondé l’association « Choisir la cause des femmes » pour promouvoir les droits des femmes.

Shirin Ebadi (née en 1947)

Juriste iranienne et première femme musulmane à recevoir le prix Nobel de la paix en 2003, Shirin Ebadi est reconnue pour son travail acharné et persistant en faveur des droits de l’homme, en particulier des droits des femmes en Iran. Fondatrice de plusieurs ONG en Iran, elle a défendu des femmes et des enfants victimes de violences, luttant pour la réforme des lois discriminatoires. Ebadi a dû faire face à l’oppression et à l’exil pour ses convictions, mais continue de militer pour la démocratie et les droits humains.

Gloria Allred (née en 1941)

Avocate américaine de renommée, Gloria Allred est célèbre pour son engagement en faveur des droits des femmes, notamment dans des affaires de harcèlement sexuel, de discrimination et d’injustice. Fondatrice du cabinet Allred, Maroko & Goldberg, elle a représenté des clients dans certains des cas les plus médiatisés aux États-Unis. Allred a utilisé sa voix pour faire changer les lois et les attitudes, devenant une figure incontournable dans la lutte contre les abus sexuels et la discrimination de genre.

Flavia Agnes (active depuis les années 1980)

Avocate et militante indienne, Flavia Agnes est co-fondatrice de Majlis, une organisation juridique et culturelle qui défend les droits des femmes. Spécialisée dans le droit de la famille et la violence domestique, elle a œuvré pour la protection des femmes contre les abus et pour la réforme des lois discriminatoires. Agnes a contribué à façonner le débat juridique autour des questions de genre en Inde, en se concentrant sur l’importance de l’accès à la justice pour les femmes victimes de violence.

 

On peut également citer Simon Veil. Bien qu’elle ait décidée d’abandonner sa carrière d’avocate afin de se présenter au concours de la magistrature en 1956, elle joue un rôle majeur dans les droits des femmes et la maîtrise de leur corps.

Simone Veil (1927-2017)

Survivante de la Shoah et femme politique française de premier plan, Simone Veil a marqué l’histoire par son courage et sa détermination. Sa réussite lui permettra d’occuper le poste de haut fonctionnaire au ministère de la Justice.En tant que Ministre de la Santé, elle a porté la loi de 1975 légalisant l’interruption volontaire de grossesse (IVG) en France, malgré une opposition farouche. Cette loi, souvent appelée « Loi Veil », représente une avancée majeure dans les droits des femmes et la maîtrise de leur corps. Veil a également été la première femme élue présidente du Parlement européen, où elle a continué à défendre les droits et la dignité des femmes.

Et maintenant ?

L’histoire des droits des femmes en France est profondément marquée par l’action d’avocates qui ont utilisé leur expertise juridique pour mener des combats pour l’égalité et la justice. Des pionnières comme Jeanne Chauvin, qui a ouvert la voie aux femmes dans la profession juridique, à des figures emblématiques telles que Simone Veil et Gisèle Halimi, qui ont respectivement lutté pour le droit à l’avortement et contre les violences sexuelles, ces femmes ont profondément influencé le paysage légal et social en France. Leur engagement a non seulement permis de franchir des étapes vers l’égalité des droits entre les hommes et les femmes, mais a aussi inspiré des générations à poursuivre cette lutte.

Il suffira d’une crise politique, économique et religieuse pour que les droits des femmes, nos droits, soient remis en question. Votre vie durant, vous devrez demeurer vigilante. Simone de Beauvoir (témoignage de Claudine Monteil)

 

La récente inscription de l’IVG dans la Constitution française en 2024 est un témoignage de la persévérance de ces combats menés par les avocates, qui ont allier leur vocation juridique à un militantisme acharné pour la cause féminine. En définitive, le rôle des avocates dans l’histoire des droits des femmes en France illustre comment le droit peut être un instrument puissant de changement social. Leur héritage rappelle l’importance de la vigilance et de l’engagement continus pour défendre et promouvoir l’égalité de droits pour toutes et tous.

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