interview marc uzan avocat

Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?

Après un Master de fiscalité obtenu à l’Université Paris XII, j’ai intégré un Master en Droit des Affaires et Management à l’ESSEC, complété par le Diplôme Supérieur de Comptabilité et de Gestion.

J’ai démarré mon parcours professionnel en tant que fiscaliste chez JCDecaux. J’ai ensuite exercé pendant de nombreuses années en tant qu’avocat fiscaliste dans divers cabinets d’avocats d’affaires internationaux : Allen & Overy, White & Case, August Debouzy, ainsi que dans un grand réseau de cabinets d’audit et d’expertise comptable en tant que Responsable du département fiscal (le réseau RSM, 5ème réseau mondial juste derrière les Big 4).

J’ai monté mon propre cabinet d’avocat fiscaliste il y a peu de temps. J’ai la chance que mon activité se développe rapidement et fortement, bien au-delà de mes espérances initiales. Le digital n’y est probablement pas pour rien !

  • Vous tenez en effet un blog parlant de fiscalité. Pourquoi l’idée d’un blog ? Est-il indispensable à vos yeux de tenir un tel espace sur Internet ?

Mon blog est destiné principalement à mes clients ou futurs clients. Je parle de fiscalité mais de manière très simplifiée : l’idée est de faire de la vulgarisation juridique.

Je pense que cela est indispensable car c’est la pierre angulaire de mon référencement naturel (NDLR : SEO : Search Engine Optimization). Mais cela n’est pas suffisant, l’appui de sites extérieurs de qualité, comme Justifit, est fondamental pour renforcer sa présence sur Internet et la rendre solide et efficace.

« La valeur ajoutée de notre profession ne réside pas dans la capacité à produire, mais dans le conseil. »

Quel est votre point de vue sur les legaltechs ?

La France me semble faire partie des pionniers dans ce domaines. Beaucoup de start-ups et sites confirmés existent, d’autres sont en développement. Beaucoup disparaîtront, aussi, à court et moyen terme. Mais ceux qui resteront vont occuper de plus en plus une place prépondérante dans le business des avocats et des professionnels du droit en général.

Je suis certain que Justifit fera partie de ces ténors. Un indicateur simple : votre SEO est très puissant. J’en suis d’ailleurs un peu jaloux mais je dois l’accepter, vous êtes des professionnels chevronnés et dotés de moyens conséquents.

  • Le Secrétaire d’Etat au Numérique Mounir Mahjoubi s’est récemment exprimé au sujet de la numérisation des métiers juridiques. Il s’est dit favorable à l’intervention des legaltechs dans la rédaction des contrats à faible valeur afin de garantir l’accessibilité du droit par les citoyens. Qu’en pensez-vous ?

Personnellement je ne suis pas contre. Je crois qu’il ne faut pas se cacher derrière des réglementations pour se protéger. Ce serait un aveu de faiblesse, qui ne nous protégerait pas longtemps. Surtout, sur le fond, produire des contrats est très simple ! On met des informations dans des champs et hop, un contrat sort.

Le challenge n’est pas de rédiger un contrat, mais de créer sur mesure LE contrat qui défendra au mieux les intérêts de son client. Il n’y a pas de contrat “à faible valeur ajoutée”. Tout contrat entraîne des impacts potentiellement importants si certaines situations se produisent. La valeur ajoutée de notre profession ne réside pas dans la capacité à produire, mais dans le conseil.

  • Quel est le problème de base qui incite les citoyens à prendre contact avec les legaltechs “créatrices de droit” plutôt qu’avec des avocats ?

Je pense que les citoyens sont très loin d’être idiots. Les enjeux financiers sont souvent importants, les clients cherchent de la valeur ajoutée, ils cherchent à sortir gagnants de leur opération quelle qu’elle soit. Ils cherchent LA réponse adaptée à LEUR besoin bien spécifique.

Vous savez, contrairement à ce que l’on peut penser, la première demande du client n’est pas le prix, mais la qualité de la prestation. Les legaltechs ne me semblent pas adaptées au marché. Encore une fois, le challenge n’est pas la production, mais le conseil sur mesure dans un environnement de plus en plus complexe.

« Les softs skills sont indispensables

si vous souhaitez monter votre propre cabinet. »

  • En tant qu’avocat fiscaliste, que pensez-vous de la notation des avocats qui a été autorisée par un arrêt de la Cour de cassation du 11 mai 2017 ?

J’en suis très heureux. Je me questionne toutefois sur les dérives possibles. Quels seront les critères de notation ? Qui notera ? Après, la notation existe déjà… Voyez Google My Business. Des avis peuvent être laissés sur les avocats enregistrés, avec une notation de 1 à 5 étoiles. Je suis d’ailleurs référencé et certains de mes clients ont déjà laissé des avis/notations.

Vous êtes titulaire d’une double compétence en Droit et Management…

Est-il de votre point de vue indispensable de développer ce genre de double compétence aujourd’hui ?

En tant que fiscaliste, oui, je le pense. Car la fiscalité est au centre de nombreux autres paramètres autres que purement fiscaux : la comptabilité, la gestion, la finance…

Ensuite, en tant qu’avocat libéral, je pense que cela m’a aidé aussi à tenter de développer, tôt, mes soft skills, indispensables si vous souhaitez monter votre propre cabinet.

D’ailleurs, j’ai été heureux de voir que là encore, Justifit avait tout compris. Vous avez récemment envoyé un article sur les soft skills des avocats, qui a probablement permis à de nombreux confrères de découvrir cette notion et de prendre conscience de la nécessité de développer leurs compétences autres que purement techniques.

Bon à savoir :

N’hésitez pas à consulter l’interview de Maître Blanc, avocat en droit social à Paris. 

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