[Interview] Que faut-il pour devenir avocate française à l’international ? L’exemple de Maître Stéphanie Lejonc au Mexique.
Quels défis pour un avocat français à l’étranger ? Maître Lejonc partage son expérience au Mexique.
Quitter la France pour exercer le droit à l’étranger est un pari audacieux. Pourtant, de plus en plus d’avocats franchissent les frontières pour explorer de nouvelles manières de pratiquer. Maître Stéphanie Lejonc est l’une d’entre eux : installée au Mexique, elle conjugue compétence juridique, culture internationale et engagement dans des réseaux essentiels comme l’APPEAL-E. Son parcours est une source d’inspiration pour tous ceux qui rêvent d’une carrière d’avocat sans frontières.
À retenir : Exercer le droit à l’étranger exige de l’adaptation, un réseau solide et une stratégie bien rodée. Le parcours de Maître Lejonc illustre :
- L’importance de se former localement avant de s’implanter
- La nécessité de garder un lien fort avec son barreau d’origine
- Les difficultés d’assurance et de reconnaissance juridique
- Le rôle clé des réseaux professionnels comme l’APPEAL-E ou les Chambres de commerce
Le défi de s’installer à l’international quand on est avocat
Partir exercer à l’étranger, c’est souvent l’histoire d’une opportunité, d’un choix de vie, voire d’un coup de cœur. Pour Maître Stéphanie Lejonc, tout a commencé par un stage dans un cabinet d’affaires à Mexico, alors qu’elle était encore étudiante.
- Un premier contact avec le Mexique par un stage en cabinet d’affaires
- Une année de stage transformée en opportunité professionnelle
- Une installation durable grâce à la création d’un cabinet local
- Une carrière partagée entre France et Mexique
Garder le lien avec la France : un enjeu vital
Même à des milliers de kilomètres, Maître Lejonc est restée fidèle au barreau de Paris. Mais cela ne va pas sans difficultés.
- Maintien de l’inscription au barreau de Paris
- Formation continue facilitée par le digital
- Difficultés autour de l’assurance RCP à l’étranger
- Cotisations non adaptées aux situations internationales
Comprendre le droit local : la clé de la légitimité
Exercer à l’étranger ne signifie pas appliquer le droit français partout. Il faut aussi maîtriser le droit du pays d’accueil :
- Formation complémentaire pour comprendre le droit mexicain
- Absence d’ordre professionnel au Mexique
- Différences culturelles dans la pratique juridique
- Valorisation du statut d’avocat français comme gage de rigueur
Focus : le marché juridique mexicain
Le Mexique offre un terrain fertile mais complexe pour les avocats étrangers.
- On estime à plusieurs centaines de milliers le nombre de professionnels du droit, mais sans recensement officiel en l’absence d’ordre obligatoire
- La pratique du droit est libre, et il n’existe pas d’instance de régulation équivalente à nos barreaux
- Environ 20 700 Français vivent au Mexique, majoritairement à Mexico, Guadalajara et Monterrey
- L’environnement juridique mêle influences de droit civil et de common law, avec une forte dominance des pratiques écrites
- Le manque d’assurance professionnelle obligatoire et de cadre déontologique constitue un défi majeur
Droit des affaires, clientèle française et réseautage utile
Depuis 2023, Maître Lejonc exerce en cabinet individuel. Elle concentre son activité sur :
- Le droit des affaires : fusions-acquisitions, création de sociétés, contrats
- Une clientèle essentiellement composée d’entreprises françaises
- Une collaboration avec des experts-comptables
- Un réseau actif avec les Chambres de commerce et les conseillers du commerce extérieur
Conseils :
- Participez à des programmes de stage ou Erasmus pendant vos études
- Rejoignez des cabinets locaux pour mieux comprendre le droit et les attentes
- Entretenez une présence active dans les réseaux de confrères à l’étranger
L’APPEAL-E : un outil de cohésion pour les avocats français à l’étranger
Maître Lejonc est membre active de l’APPEAL-E (Association des Professionnels du droit Français Exerçant à l’Étranger). Cette jeune association joue un rôle central dans :
- La représentation des avocats français installés hors de France
- La défense de leurs intérêts vis-à-vis des barreaux
- La mutualisation d’expériences et de bonnes pratiques
- L’intégration de nouveaux confrères dans les pays d’accueil
Elle souligne que l’APPEAL-E donne enfin une voix aux avocats expatriés :
« Nous ne sommes pas dans les radars des organisations professionnelles, alors que nous portons une vision internationale du droit. »
Les pièges à éviter
Partir à l’international ne suffit pas. De nombreux jeunes arrivent déjà diplômés en droit français, sans compétences locales :
- Décalage entre les attentes et les réalités du marché local
- Difficultés à intégrer un cabinet sans expérience du droit du pays
- Manque de réseau pour démarrer une activité
- Refus d’inscription à un barreau pour raisons de coûts ou de reconnaissance
Conclusion et points clés
Le parcours de Maître Lejonc est la preuve qu’il est possible d’exercer le droit à l’international, à condition de s’adapter, de se former et de s’entourer. L’avenir du droit est sans frontières.
Points à retenir :
- Préparer son expatriation en amont avec des stages locaux
- S’adapter au droit local tout en gardant un lien fort avec son barreau
- Intégrer les réseaux comme l’APPEAL-E pour rompre l’isolement
- Le rôle des Chambres de commerce dans la mise en relation
- L’expatriation juridique est une chance mais aussi un défi structurel
Sources et liens utiles :
-
- Avocat français au Liechtenstein : parcours et conseils
- Maître Moinard : réussir comme avocat français à Barcelone
- Avocat belge à Paris : le parcours atypique de Maître Versyp
- Exercer comme avocat français en Suisse alémanique : Me Sibylle Loyrette
- Avocate française en Allemagne : parcours de Salomé Lemasson
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