Tout savoir sur le Code des Pirates !

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Pavillon à tête de mort, oeil borgne caché par un bandeau noir, jambe de bois et perroquet sur l’épaule… l’imagerie autour des pirates est riche et imagée. Il en va de même pour le code des pirates, véritable code d’honneur pour ces marins renégats et autres hors-la-loi de la mer. Mais que contient ce fameux code des pirates ?
code des pirates
Parler de « code des pirates » n’est pas tout à fait exact. A l’âge d’or de la piraterie, de 1660 à 1726, chaque capitaine de navire disposait en effet de son propre code. On devrait ainsi parler de « codes des pirates », tant ils sont nombreux.

Un code des pirates, ça existe-vraiment ?

Le code des pirates — ou chasse-partie — est une convention servant de code de conduite pour les corsaires et pirates. Le mot chasse-partie est une corruption du terme charte-partie, qui est un acte constituant un contrat conclu entre un fréteur (celui qui possède le bateau) et un affréteur (celui qui le loue).
Initialement adoptée par les corsaires (qui ne sont pas à confondre avec les pirates, puisqu’ils exercent leur activité avec l’autorisation de leur gouvernement, uniquement en temps de guerre), cette charte est alors reprise par les pirates sous le terme de « code des pirates ».
Ce contrat est généralement conclu quelques jours avant le départ. Il détaille toutes les décisions concernant la destination et l’objet de l’expédition, mais aussi sur les prises (butins, trésors, etc.) étant collectives.

Que contient une chasse-partie de pirates ?

Dans sa version pirate, la chasse-partie est avant tout un code d’honneur. Ainsi, ce code des pirates s’appuie principalement sur des principes de solidarité et de démocratie, alors inconnus de la société de l’époque : élection, autogestion, égalisation des revenus, primes de rendement, indemnités pour accident du travail…
Ainsi, même les pires crapules et criminels des Caraïbes se comportaient avec un minimum d’éthique et un code de conduite pour maintenir l’ordre… au milieu des meurtres, pillages et autres opérations criminelles… Personne n’est parfait !

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Le chasse-partie de Bartholomew Roberts

Le plus célèbre des codes de piraterie a été écrit par un des pirates les plus connus et dangereux : Bartholomew Roberts, dit Black Bart (Bart le Noir). De son vrai nom John Roberts, né en 1682 et mort en 1722, ce pirate britannique a créé un code pour encadrer les boucaniers et flibustiers à bord de son navire le Royal Fortune en 1720 :

  1. Chaque pirate pourra donner sa voix dans les affaires d’importance et aura un pouvoir de se servir quand il voudra des provisions et des liqueurs fortes nouvellement prises, à moins que la disette n’oblige le public d’en disposer autrement, la décision étant prise par vote.
  2. Les pirates iront tour à tour, suivant la liste qui en sera faite, à bord des prises et recevront pour récompense, outre leur portion ordinaire de butin : une chemise de toile. Mais, s’ils cherchent à dérober à la compagnie de l’argenterie, des bijoux ou de l’argent d’une valeur d’un dollar, ils seront abandonnés sur une île déserte. Si un homme en vole un autre, on lui coupera le nez et les oreilles et on le déposera à terre en quelques endroits inhabités et déserts.
  3. Il est interdit de jouer de l’argent aux dés ou aux cartes.
  4. Les lumières et les chandelles doivent être éteintes à huit heures du soir. Ceux qui veulent boire, passé cette heure, doivent rester sur le pont sans lumière.
  5. Les hommes doivent avoir leur fusil, leur sabre et leurs pistolets toujours propres et en état de marche.
  6. La présence de jeunes garçons ou de femmes est interdite. Celui que l’on trouvera en train de séduire une personne de l’autre sexe et de la faire naviguer déguisée sera puni de mort.
  7. Quiconque déserterait le navire ou son poste d’équipage pendant un combat serait puni de mort ou abandonné sur une île déserte.
  8. Personne ne doit frapper quelqu’un d’autre à bord du navire ; les querelles seront vidées à terre de la manière qui suit, à l’épée ou au pistolet. Les hommes étant préalablement placés dos à dos feront volte-face au commandement du quartier-maître et feront feu aussitôt. Si l’un d’eux ne tire pas, le quartier-maître fera tomber son arme. Si tous deux manquent leur cible, ils prendront leur sabre et celui qui fait couler le sang le premier sera déclaré vainqueur.
  9. Nul ne parlera de changer de vie avant que la part de chacun ait atteint 1000 livres. Celui qui devient infirme ou perd un membre en service recevra 800 pièces de huit sur la caisse commune et, en cas de blessure moins grave, touchera une somme proportionnelle.
  10. Le capitaine et le quartier-maître recevront chacun deux parts de butin, le canonnier et le maître d’équipage, une part et demie, les autres officiers une part et un quart, les flibustiers une part chacun.
  11. Les musiciens auront le droit de se reposer le jour du sabbat. Les autres jours de repos ne leur seront accordés que par faveur.

La « bonne et due forme » du Capitaine Crochet

Autre pirate célèbre (mais bien fictif) avec un code d’honneur : le capitaine James Crochet, antagoniste principal du célèbre Peter Pan créé par James Barrie. Il partage de nombreuses similarités avec Bartholomew Roberts, comme l’élégance vestimentaire, les goûts raffinés, mais aussi… les bonnes manières.
En effet, le capitaine Crochet est particulièrement connu pour sa philosophie de « la bonne et due forme » ou du « savoir-vivre » (selon les traductions). Ce code des pirates a été rendu emblématique par les diverses adaptations de Peter Pan sur le grand écran.

Le problème de la piraterie moderne

Sabres et boulets de canons ne sont plus les armes de prédilection des pirates modernes. Si les boucaniers ne sont plus légion sur les eaux de l’hémisphère sud, la piraterie reste bien présente, et dangereuse. Cette piraterie moderne va ainsi désigner l’ensemble des activités maritimes illégales en regard des lois internationales. Il peut par exemple s’agir :

  • d’enlèvements de personnes avec demande de rançon ;
  • des prises d’otages ;
  • de vols ;
  • de meurtres ;
  • ou de sabotages.

Version moderne de la célèbre piraterie du XVIIIème siècle, cette nouvelle forme de piraterie reste basée sur la violence et la contrainte. Elle oblige notamment les flottes militaires à s’allier dans des missions de surveillance et force les compagnies de transport à faire appel à des sociétés de sécurité privées pour protéger leur navires, leur équipage et leur cargaison. Il est peu probable qu’un code d’honneur existe pour ces pirates modernes.

Où se concentrent les attaques pirates ?

Les menaces pirates actuelles sont surtout concentrées dans l’hémisphère sud et dans trois zones bien définies : le Nord de l’Amérique Latine, le Continent africain et en Indonésie. De janvier à octobre 2017, ce sont plus de 121 actes de piraterie qui ont été recensés par le Bureau International Maritime (BMI) dans le monde.

Que prévoit la justice face à la piraterie ?

L’article 105 de la Convention de Montego bay dispose ainsi que « Tout Etat peut, en haute mer ou en tout autre lieu ne relevant de la juridiction d’aucun Etat, saisir un navire pirate ou capturé par des pirates, et appréhender les personnes et saisir les biens se trouvant à bord ». Ainsi, même dans les eaux internationales, des pirates peuvent être arrêtés.
Dans le code pénal français, la piraterie est définie comme « Le fait de s’emparer ou de prendre le contrôle par violence ou menace de violence d’un aéronef, d’un navire ou de tout autre moyen de transport à bord desquels des personnes ont pris place, ainsi que d’une plate-forme fixe située sur le plateau continental » (Article 224-6).
En 2011, le Parlement français a adopté une loi venant combler un vide juridique créé en 2007 par la suppression de la loi de 1825 réprimant la piraterie. Cette nouvelle loi définit la piraterie dans le droit français, permettant ainsi :

  • aux tribunaux nationaux d’en juger ;
  • aux forces armées d’être habilitées pour intervenir avant ou pendant les faits.

Ce texte porte notamment la peine criminelle de 20 à 30 ans de réclusion criminelle en cas de détournement de navire commis en bande organisée.