Prison : quels sont les droits d’un détenu en 2025 ?

Lea Hourcade - Rédactrice web

Il est possible que vous connaissiez une personne détenue ou que vous même ayez déjà été détenu. La personne détenue a des droits, tout autant que ses proches. L’établissement pénitentiaire doit mettre à disposition un règlement intérieur de la prison qui détermine les droits et devoirs du détenu. Les personnes prévenues ou condamnées ont des droits en détention qui diffèrent dans l’application des droits qui eux, restent les mêmes. Un prévenu est une personne qui n’est pas jugée définitivement tandis qu’un condamné a été jugé et va purger sa peine. Le détenu a le droit de se faire accompagner d’un avocat en droit pénal qui l’accompagne dans ses démarches.

Prison quels sont les droits d'un détenu en 2025

À RETENIR : Quels sont les droits des détenus ?

Les détenus ont des droits qu’ils ignorent parfois avoir. En cause, une institution carcérale qui pourrait être perçue comme ne communiquant pas toujours avec les prisonniers sur leurs droits, ou qui, par manque de moyens, ne peut pas toujours les appliquer.

Voici une liste non exhaustive des droits (soumis à des conditions strictes) auxquels un détenu peut prétendre :

  • Droit de correspondance ;
  • Droit de téléphoner ;
  • Droit de maintenir un lien avec ses proches, droit de visite ;
  • Droit d’assister à des événements familiaux ;
  • Droit de mise en liberté pour des raisons médicales ;
  • Permissions de sortie et autorisations de sortie ;
  • Droit à l’encellulement individuel ;
  • Droit au travail ;
  • Droit de vote ;
  • Liberté religieuse.

Correspondre avec ses proches, passer un appel, assister à un événement familial ou obtenir une permission de sortie : ces droits peuvent tout changer pour une personne détenue. Découvrez comment les faire valoir et pourquoi ils sont essentiels.

CTA Banner

Besoin d'un avocat ?

Justifit vous met en relation avec l’avocat qu’il vous faut, près de chez vous.

Le droit de correspondance et le droit de téléphoner

Les détenus peuvent échanger des lettres avec leurs proches. Attention, la confidentialité n’est jamais garantie. S’il y a envoi d’objet, cela doit se faire par colis postal. Dans certains cas, déterminés par le juge, les prévenus peuvent connaître des restrictions de correspondance, notamment quand le juge interdit la communication vers l’extérieur ou vers certains destinataires. Les correspondances reprennent ensuite quand le prévenu passe au statut de condamné.

Dans tous les cas, la personne détenue ne pourra jamais être empêché de communiquer avec son avocat, et la confidentialité est toujours respectée. Concernant le droit de téléphoner, il y a là encore des conditions précises en fonction de si la personne est prévenu ou condamné, et en fonction du destinataire de l’appel.

À noter :
Les portables et les appels via Internet sont bien sûr interdits, et un détenu placé en quartier disciplinaire ne pourra passer d’appel que tous les 7 jours.

Le droit de visite

Les détenus ont le droit de recevoir des visites de leurs proches. Cependant, les proches doivent faire la demande d’un permis de visite (qui peut être refusé). Si vous êtes membre de la famille du détenu, vous avez plus de chance d’obtenir un permis de visite.

Selon que vous soyez prévenu ou condamné, il peut y avoir des différences dans le droit de visite : en effet, comme pour le droit de correspondance, un prévenu peut se voir interdire, par le juge, de recevoir des visites.

Le droit de visite se fait au parloir

Le parloir qu’est-ce que c’est ? Il s’agit d’un espace réduit, mal insonorisé, où les visites sont brèves et sous la surveillance continue du personnel pénitentiaire. Il existe aussi des UVF (Unité de Vie Familiale) ou des salons-parloirs familiaux, où les détenus peuvent rencontrer leurs visiteurs pour une durée plus longue qu’en parloir et sans surveillance directe du personnel.

Depuis la loi pénitentiaire de 2009, les détenus peuvent alterner entre parloir, UVF et salons-parloirs. Malheureusement, la plupart des établissements pénitentiaires ne sont dotés que de parloirs ordinaires.

La permission et l’autorisation de sortie

Les détenus ont la possibilité de bénéficier de permissions et autorisations de sortie.

Les permissions de sortie ont vocation à :

  • Préparer la réinsertion sociale de la personne détenue ;
  • Préparer la réinsertion professionnelle ;
  • Maintenir des liens familiaux ;
  • Participer à des événements familiaux exceptionnels (naissance) ;
  • Accomplir des démarches ;
  • Répondre à une obligation exigeant la présence du détenu (rendez-vous médical, vote, convocation devant une juridiction).

Les autorisations de sortie sont exceptionnelles et permettent à la personne détenue de se rendre auprès de ses proches dans des circonstances particulières comme un décès par exemple. L’autorisation peut être fournie la permission de sortie est juridiquement impossible ou jugé inopportune.

Ces deux éléments, permission et autorisation de sortie, sont des outils qui apprécient le comportement du détenu et aident à la possibilité d’octroi de mesures d’aménagement de peine. Attention, ces deux éléments ne sont pas automatiques, et un détenu rencontre souvent de nombreux obstacles pour sortir pour raisons familiales (naissance, maladie d’un parent, ou enterrement).

Une personne détenue peut se marier ou se pacser pendant son incarcération. Elle garde l’autorité parentale, même si son exercice est difficile.

Le droit de travailler

Les détenus ont la possibilité de travailler, après avoir fait une demande écrite. En fonction de la place et de leurs compétences, ils seront affectés dans un service particulier : service général ou médiathèque, jardinage…

Le travail n’est absolument pas obligatoire. L’offre est très inférieure à la demande mais il reste très prisé par les détenus car il est la seule source de revenu. Les détenus gagnent un maigre salaire.

Attention :
Pas de droit du travail en prison ! Les détenus n’ont donc pas de contrat, pas d’indemnités s’ils se retrouvent au chômage technique, pas d’arrêt maladie ou d’arrêt d’accident du travail. En revanche, s’ils sont malades ou ont un accident de travail, les soins sont pris en charge.

Les détenus n’ont pas non plus droit à un salaire de base, ne peuvent pas se syndiquer ou former un CHSCT (Comité d’Hygiène, de Sécurité, et des Conditions de Travail). Ils ne sont pas non plus bénéficiaires des règles relatives à la procédure de licenciement.

Le droit à l’encellulement individuel

La demande se fait par formulaire. La personne détenue doit motiver sa demande. En principe, tout détenu a droit à une cellule individuelle (article 716 du Code de procédure pénale), mais ce droit reste inappliqué en pratique en raison de la surpopulation carcérale.

Au 1er juin 2025, la France comptait 84 447 personnes détenues pour 62 566 places opérationnelles, selon les statistiques du ministère de la Justice. Cela représente une densité carcérale moyenne de 135 %, avec des pics atteignant 165,6 % dans les maisons d’arrêt, particulièrement surpeuplées. 5 761 détenus étaient contraints de dormir sur un simple matelas au sol, faute de places disponibles.

Les personnes prioritaires pour l’encellulement individuel sont les personnes jugées dangereuses ou les personnes mises à l’isolement.

Le droit de vote

Les détenus ont tous la possibilité de voter, sauf lorsqu’une peine d’incapacité électorale leur a été expressément infligée par le juge, ce qui reste rare. Cependant, les modalités pratiques pour voter peuvent être complexes.

Un détenu peut :

  • voter par procuration, à condition d’être inscrit dans une commune et de désigner un mandataire inscrit dans cette même commune ;
  • voter par correspondance, en demandant à être inscrit sur la liste électorale de la commune chef-lieu du département où est située la prison (ce mode de vote n’est possible que pour certains scrutins – voir ci-dessous) ;
  • ou encore solliciter une permission de sortir pour se rendre dans son bureau de vote. Cette permission est toutefois incertaine, notamment pour les personnes condamnées à de longues peines.
À noter :

Conformément à la loi n° 2025-658 du 18 juillet 2025, à partir de mars 2026, le vote par correspondance ne sera plus autorisé pour les élections locales (municipales, départementales, régionales) ainsi que pour les élections législatives. Ce mode de vote restera toutefois possible pour l’élection présidentielle, les élections européennes et les référendums.

Par ailleurs, un détenu pourra désormais être inscrit sur les listes électorales d’une commune liée à sa descendance, c’est-à-dire une commune où l’un de ses enfants, petits-enfants ou arrière-petits-enfants est né, est inscrit ou a été inscrit par le passé.

Le droit à la liberté religieuse

Le détenu a le droit de pratiquer sa religion de manière libre, dans sa cellule, tant que ça ne gêne pas ses codétenus. Il peut garder avec lui les livres et objets dont il a besoin pour pratiquer sa spiritualité. Le détenu peut se confesser dans une salle dite “polyculturelle” ou bien dans sa cellule.

Les conversations et correspondances entre l’aumônier et le détenu sont strictement confidentielles.   Les aumôniers sont rémunérés par l’Etat. Sept confessions sont agréées par l’Etat : catholique, protestante, juive, musulmane, bouddhiste, orthodoxe, et les Témoins de Jéhovah. Les aumôniers sont soit indemnisés, soit bénévoles.

Comment faire respecter ses droits en tant que détenu ?

La personne détenue a plusieurs options s’il a un litige avec l’établissement pénitentiaire. Il peut :

Avant d’exercer des recours administratifs, le détenu doit adresser ses griefs au directeur pénitencier. Il est recommandé d’adresser sa demande par courrier avec accusé de réception afin de pouvoir garder une preuve datée de la demande.

Comment un avocat peut-il aider un détenu à faire valoir ses droits ?

Faire appel à un avocat en détention, c’est s’assurer de ne pas être seul face à l’administration pénitentiaire et de pouvoir agir concrètement pour défendre ses droits. Un avocat peut :

  • Faire respecter les droits civiques du détenu : L’avocat vérifie si le détenu conserve son droit de vote et l’aide à s’inscrire sur les listes électorales, à établir une procuration ou à demander une permission de sortie pour voter.
  • Assurer la défense pénale et les recours : Il accompagne le détenu dans les procédures d’appel ou de pourvoi en cassation, et intervient dans les demandes d’aménagement de peine (libération conditionnelle, bracelet électronique, etc.).
  • Protéger les droits fondamentaux en détention : L’avocat peut saisir la justice en cas de conditions de détention indignes, de violences, de refus de soins ou d’atteintes aux droits (isolement abusif, non-respect de la dignité).
  • Maintenir le lien social et l’accompagnement extérieur : Il facilite les contacts avec la famille, oriente vers des aides sociales, et veille à ce que le détenu puisse accéder à l’éducation, aux soins ou à des activités en détention.

Le détenu a donc des droits et des devoirs. Les droits de la personne détenue ne sont pas toujours respecté, ou mal. Il existe de possibilités pour un détenu d’exercer des recours. Si vous êtes un détenu ou de la famille d’un détenu, et que savez que les droits sont bafoués, il ne faut pas hésiter à contacter votre avocat pour voir quelles sont les solutions envisageables.

POINTS CLÉS À RETENIR

  • Les personnes détenues conservent des droits fondamentaux, notamment le droit de correspondance, de visite, de téléphone, de culte, de vote et de travail, bien qu’ils soient encadrés par des règles strictes.
  • Le droit de vote des détenus évolue : à partir de mars 2026, le vote par correspondance ne sera plus autorisé pour certaines élections, mais restera possible pour la présidentielle, les européennes et les référendums.
  • Les permissions et autorisations de sortie permettent de maintenir des liens familiaux ou de répondre à des obligations précises, mais leur obtention reste difficile et soumise à l’appréciation de l’administration.
  • Le travail en détention est possible mais précaire, sans protection du droit du travail, avec des rémunérations faibles et une offre largement inférieure à la demande.
  • En cas d’atteinte à ses droits, le détenu peut agir, en saisissant l’administration pénitentiaire, le Défenseur des droits, le Contrôleur général des lieux de privation de liberté ou avec l’aide d’un avocat.

Articles Sources

  1. legifrance.gouv.fr - https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000051919380
  2. ifrap.org - https://www.ifrap.org/surpopulation-carcerale-nouveau-pic-135

Choisissez votre avocat

Cherchez l’avocat qui vous convient le mieux parmi 2000 avocats. Nous vous mettrons en relation.

Contacter un avocat

Être contacté par un avocat

Justifit vous met directement en relation avec l’avocat qui correspond le plus à votre besoin.

Être contacté

Avis des utilisateurs Justifit :

4,3 rating
108 avis
4,6 rating
rating
Excellent 628 avis