Accouchement sous X : droits et démarches
En France, chaque année, des femmes choisissent d’accoucher dans le secret absolu : c’est ce que l’on appelle l’accouchement sous X. Peu connu du grand public et souvent entouré d’idées reçues, ce dispositif soulève de nombreuses interrogations humaines et juridiques. Que se passe-t-il concrètement à la maternité lorsque ce choix est formulé ? Est-il possible de revenir sur sa décision et de reprendre l’enfant après la naissance ? Et plus tard, l’enfant pourra-t-il accéder à ses origines ? Derrière ce mécanisme légal se joue un équilibre sensible entre protection de la mère, sécurité de l’enfant et droit à l’identité. Face à une décision aussi lourde de conséquences, l’accompagnement d’un avocat spécialisé en droit de la famille permet de sécuriser chaque étape et d’agir en pleine connaissance de ses droits.

À RETENIR : Que faut-il savoir sur l’ accouchement sous X ?
L’accouchement sous X permet à une femme d’accoucher à l’hôpital en gardant son identité secrète. Aucun justificatif n’est exigé et le personnel médical est tenu au respect du secret. L’enfant est immédiatement confié à l’Aide sociale à l’enfance comme pupille de l’État. La mère dispose d’un délai de deux mois pour revenir sur sa décision et le reconnaître. Elle peut laisser des informations médicales ou personnelles, voire son identité sous pli fermé, afin de permettre à l’enfant, plus tard, d’accéder à ses origines via le CNAOP. Passé le délai, l’enfant peut être proposé à l’adoption. L’accouchement sous X n’empêche donc pas totalement un lien, mais encadre strictement le droit à l’anonymat.
Pour comprendre concrètement comment se déroule l’accouchement sous X et connaître vos droits à chaque étape, poursuivez votre lecture.
Comment se déroule un accouchement sous X ?
Pour accoucher sous X, la mère doit simplement informer l’équipe médicale de sa volonté de garder l’anonymat. Ce droit est expressément reconnu par l’article 326 du Code civil, qui autorise l’accouchement sous secret de l’identité, sans mention de la mère sur l’acte de naissance. En conséquence, l’hôpital ne peut exiger aucun document permettant de l’identifier, ni mener de recherche administrative.
Même si la mère donne temporairement son identité pour des raisons médicales, celle-ci n’apparaît pas dans les registres d’état civil. La prise en charge est assurée par l’Aide sociale à l’enfance, conformément à l’article L222-6 du Code de l’action sociale et des familles, ce qui permet d’éviter toute facturation nominative ou trace sur un dossier de la Sécurité sociale ou de la mutuelle.
Dès qu’elle exprime officiellement son choix d’accoucher sous X, l’équipe médicale a l’obligation de lui transmettre des informations claires sur :
- Les conséquences juridiques de la remise de l’enfant ;
- La procédure de placement en vue d’adoption ;
- Sa possibilité de laisser ou non des informations sous pli fermé, destinées à l’enfant s’il souhaite plus tard connaître ses origines ;
- Les aides financières disponibles en cas de changement de décision ;
- Le rôle de l’État dans la protection de l’enfant et la mise sous tutelle ;
- Les délais exacts dans lesquels elle peut récupérer l’enfant, sans autorisation préalable du juge.
Ce passage d’information est essentiel, car il garantit que la décision de la mère repose sur un consentement libre et éclairé, ce que la loi exige avant tout abandon définitif.
Peut-on revenir sur sa décision ?
Une fois l’accouchement réalisé, l’enfant est confié à l’Aide sociale à l’enfance et placé provisoirement dans une famille d’accueil ou une pouponnière. À ce stade, l’enfant peut pas encore être adopté, car la loi laisse un délai de réflexion.
Ce délai de deux mois est prévu par l’article L224-6 du Code de l’action sociale et des familles, qui accorde à la mère et au père s’il se manifeste, la possibilité de reconnaître l’enfant et d’en demander la restitution sans qu’aucune autorisation judiciaire ne soit nécessaire.
Pendant cette période, la mère peut se présenter à l’état civil ou saisir le procureur de la République pour procéder à la reconnaissance. L’État ne peut pas s’opposer à cette reprise, même si une famille adoptive s’est déjà manifestée. Il s’agit d’un droit prioritaire, protégé par la loi pour éviter un abandon irréversible pris dans l’urgence.
Le père biologique dispose du même délai légal pour reconnaître l’enfant. S’il ignore sa localisation, il peut engager une procédure auprès du procureur de la République afin de déclencher une recherche officielle. Toutefois, plus l’adoption se structure, plus la reconnaissance paternelle devient juridiquement complexe à faire valoir.
En pratique : ces deux mois constituent une véritable frontière juridique. Avant, la filiation peut être rétablie sans formalités lourdes. Après, l’enfant devient pupille de l’État à titre définitif et peut être placé en vue d’adoption.
Le droit aux origines : comment l’enfant peut-il retrouver des informations sur sa naissance ?
Lors de l’accouchement, la mère peut choisir de laisser ou non des informations sur son identité, sa santé ou celle du père, ou encore sur les circonstances de la naissance. Ces éléments sont placés sous pli fermé et transmis au président du Conseil départemental, via les services de l’Aide sociale à l’enfance.
Ce dispositif est prévu par l’article L147-6 du Code de l’action sociale et des familles, qui impose la conservation sécurisée de ce pli jusqu’à une éventuelle demande de l’enfant.
La mère peut y joindre une lettre personnelle, une explication, ou simplement transmettre des données médicales utiles à l’enfant, sans pour autant lever son anonymat.
L’enfant peut accéder aux informations selon deux étapes :
- À partir de 13 ans, uniquement s’il est accompagné de ses parents adoptifs ;
- À partir de 18 ans, il peut agir seul et saisir directement le CNAOP (Conseil national pour l’accès aux origines personnelles).
Le CNAOP joue un rôle d’intermédiaire. Lorsque l’enfant formule une demande, l’organisme contacte la mère de naissance dans la plus grande discrétion. Si celle-ci accepte de lever partiellement ou totalement le secret, les informations peuvent lui être transmises. Si elle refuse, le secret est maintenu, sauf en cas de décès ou de volonté explicite de transmission exprimée auparavant.
Comment un avocat peut-il aider dans le cadre d’un accouchement sous X ?
Faire le choix d’accoucher sous X entraîne des conséquences juridiques importantes. Un avocat en droit de la famille peut intervenir à plusieurs niveaux :
- Avant l’accouchement : il informe la mère de ses droits, vérifie que la procédure respecte l’anonymat et l’aide à anticiper les conséquences d’une éventuelle reconnaissance de l’enfant.
- Pendant le délai de deux mois : il peut accompagner une demande de restitution de l’enfant ou sécuriser la démarche de reconnaissance du père biologique.
- En cas de conflit ou pression familiale : il protège la volonté de la mère, notamment si un proche tente d’empêcher l’accouchement sous X ou de forcer une reconnaissance.
- Pour les pères de naissance : il les guide dans la reconnaissance légale de l’enfant et dans la saisine du procureur si l’enfant a déjà été confié à l’ASE.
- Plus tard, lors des demandes d’accès aux origines : il assiste l’enfant majeur ou les parents de naissance dans la procédure CNAOP et veille au respect du secret ou, au contraire, à la levée du pli si tel est le souhait exprimé.
FAQs
Une mère peut-elle revenir plus tard et demander à connaître l’identité de l’enfant ?
Non, l’accouchement sous X rompt la filiation juridique. La mère peut seulement lever son propre secret auprès du CNAOP, mais elle ne peut pas exiger de connaître l’identité de l’enfant adopté.
Que se passe-t-il si le père souhaite reconnaître l’enfant mais que la mère a accouché sous X ?
Le père biologique peut reconnaître l’enfant dans les deux mois suivant la naissance. S’il ignore où se trouve l’enfant, il peut saisir le procureur de la République pour déclencher des recherches officielles.
L’enfant né sous X peut-il retrouver sa mère un jour ?
Oui, mais uniquement en saisissant le CNAOP. L’accès à l’identité de la mère dépendra de la présence d’un pli fermé et de la volonté de celle-ci de lever ou non le secret.
L’accouchement sous X est-il vraiment anonyme à vie ?
Le secret est total au moment de l’accouchement, mais il peut être volontairement levé par la mère ou automatiquement après son décès, sauf opposition expresse formulée de son vivant.
L’accouchement sous X est un dispositif qui tente de concilier anonymat maternel, protection de l’enfant et respect du droit aux origines. Pour faire des choix éclairés et préserver ses droits à chaque étape, l’assistance d’un avocat reste un véritable levier de sécurité juridique et humaine.
POINTS CLÉS À RETENIR
- L’accouchement sous X permet à une femme d’accoucher anonymement sans avoir à justifier son identité.
- L’hôpital ne peut exiger aucune pièce d’identité et doit garantir le secret de l’admission et de l’identité.
- Les frais liés à l’accouchement sont pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance, sans trace administrative.
- La mère peut laisser ou non des informations sous pli fermé pour un accès éventuel de l’enfant à ses origines.
- L’enfant est confié à l’ASE et devient pupille de l’État à titre provisoire pendant deux mois.
- La mère et le père disposent d’un délai légal de deux mois pour reconnaître l’enfant et le récupérer.
- Passé ce délai, l’enfant peut être définitivement placé en vue d’adoption.
- L’enfant pourra, plus tard, saisir le CNAOP pour accéder à ses origines sous conditions d’âge.
- La mère peut à tout moment lever le secret de son identité en contactant le CNAOP.
Articles Sources
- service-public.gouv.fr - https://www.service-public.gouv.fr/particuliers/vosdroits/F3136
- legifrance.gouv.fr - https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000045137394
- legifrance.gouv.fr - https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000006425694
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