Rachat de soulte avant de divorcer
Divorcer ne signifie pas seulement rompre le lien conjugal : il faut aussi décider du sort des biens communs, et surtout du logement familial. Vendre, partager ou conserver ? Le rachat de soulte avant divorce constitue souvent la solution la plus équilibrée : permettre à l’un des époux de garder le bien tout en indemnisant l’autre. Mais derrière cette option se cachent calculs complexes, frais notariaux, financement bancaire et parfois désolidarisation du prêt. Bien anticipé avec l’aide d’un avocat spécialisé en divorce, ce mécanisme facilite un partage équitable et prépare un divorce plus serein.

À RETENIR : Comment fonctionne le rachat de soulte avant un divorce ?
- Le rachat de soulte consiste à verser à son conjoint la valeur de sa part pour conserver seul le bien immobilier commun et équilibrer le partage. Il intervient principalement dans le cadre de la liquidation d’une communauté ou d’une indivision à la suite de la dissolution d’un régime matrimonial.
- Le rachat de soulte concerne notamment la résidence principale, les biens immobiliers destinés à l’investissement, détenus en indivision, ou encore les biens professionnels ou autres biens indivis dont le rachat est nécessaire pour éviter une vente ou une liquidation forcée.
Découvrez comment le calcul, les démarches et les frais fonctionnent.
Qu’est-ce qu’une soulte et dans quels cas intervient-elle ?
La soulte est un mécanisme juridique prévu par le Code civil français pour compenser la part d’un conjoint lorsqu’un bien est conservé par l’autre.
Définition juridique de la soulte
En droit français, la soulte est définie comme une somme d’argent versée par un conjoint à l’autre pour compenser sa part dans un bien indivis. Elle intervient notamment lors de la liquidation d’une communauté ou de l’indivision après dissolution d’un régime matrimonial.
Contrairement à un simple partage du patrimoine, qui consiste à répartir les biens en nature ou en plusieurs lots, la soulte permet à un époux de conserver un bien unique tout en indemnisant l’autre financièrement.
Dans quels cas intervient-elle ?
La soulte intervient le plus souvent dans trois situations :
- La résidence principale, lorsque l’un des conjoints souhaite continuer à y habiter après la séparation.
- Les biens immobiliers d’investissement détenus en indivision.
- Les biens professionnels ou autres biens indivis nécessitant un rachat pour éviter la vente ou la liquidation forcée.
La soulte est très fréquente lorsque les époux sont mariés sous le régime de la communauté légale, car tous les biens acquis pendant le mariage sont en principe communs et doivent être partagés équitablement.
Cependant, elle peut aussi s’appliquer aux couples mariés sous le régime de séparation de biens si un bien a été acheté en commun et est détenu en indivision.
Peut-on faire un rachat de soulte avant le divorce ?
En France, le rachat de soulte avant divorce est autorisé, mais encadré par la loi. Même si le divorce n’est pas encore prononcé, les époux peuvent conclure un accord amiable pour déterminer qui conservera un bien immobilier et à quel prix.
Pour racheter une soulte avant le divorce, certaines conditions doivent être réunies :
- Accord des deux conjoints : aucun rachat ne peut se faire unilatéralement.
- Bien indivis clairement identifié : la valeur et la nature du bien doivent être définies par un notaire.
- Capacité financière de l’acquéreur : celui qui souhaite conserver le bien doit avoir les moyens financiers de verser la soulte.
Cependant, certaines situations imposent des restrictions importantes :
- Biens hypothéqués : un bien grevé d’une hypothèque ne peut pas être racheté sans l’accord préalable de la banque, car celle-ci doit valider la répartition de la dette et éventuellement adapter le prêt.
- Protection des droits du conjoint et des enfants : le rachat ne doit pas diminuer les droits légaux du conjoint ni compromettre le logement des enfants. Par exemple, un parent ne peut pas vendre ou racheter un bien familial au détriment de l’autre ou de ses enfants.
- Désolidarisation du prêt immobilier : si le bien a été financé par un crédit commun, il est essentiel de prévoir la désolidarisation du prêt pour que l’époux qui conserve le bien devienne seul responsable du remboursement, et que l’autre soit libéré de toute obligation financière.
Ces mesures garantissent que l’opération soit juridiquement sûre, équitable et qu’elle ne créera pas de problèmes financiers ou légaux après le divorce.
Quelles démarches suivre pour racheter la part de son conjoint ?
De l’accord entre conjoints à la formalisation par acte notarié, chaque étape doit être réalisée avec rigueur.
Négociation et accord entre conjoints
La première étape du rachat de soulte consiste à déterminer la valeur du bien et le montant de la soulte. Cette estimation se fait en concertation entre les deux conjoints. Idéalement, elle repose sur :
- Une expertise immobilière réalisée par un professionnel ou un notaire, qui évalue la valeur vénale réelle du bien.
- L’accord des conjoints, qui peuvent décider d’un montant légèrement supérieur ou inférieur à l’estimation, selon leur situation financière et leurs objectifs.
Une fois le prix fixé, il est recommandé de formaliser l’accord par écrit, en précisant : le prix de rachat, le calendrier de versement et les modalités de paiement (comptant ou échelonné). Ce document sert de référence pour le notaire, sécurisant l’opération et évitant tout malentendu futur.
Intervention d’un notaire
Le notaire est un acteur clé dans le rachat de soulte. Il est chargé de rédiger l’acte authentique qui officialise le transfert de propriété du bien au profit du conjoint acquéreur.
Le notaire vérifie également que toutes les conditions légales sont respectées :
- Le calcul du montant de la soulte ;
- L’existence éventuelle d’hypothèques ou de dettes sur le bien ;
- Le respect des droits des enfants ou du conjoint.
Vérifications et suivi post-acte
Dans la pratique, le notaire supervise le suivi juridique, le conjoint acquéreur gère les aspects financiers et administratifs, et la banque ajuste les obligations liées au prêt.
Le notaire :
- Il reste l’interlocuteur principal pour vérifier que l’acte est correctement enregistré auprès du service de la publicité foncière.
- Il peut également s’assurer que les clauses de paiement échelonné sont respectées et que les garanties prévues sont effectives.
Le conjoint acquéreur :
- Il est responsable de verser la soulte selon les modalités convenues.
- Il doit s’assurer que toutes les démarches administratives post-acte sont effectuées (assurances, charges de copropriété, désolidarisation du prêt, etc.).
La banque (si prêt immobilier existant) :
- Elle intervient pour modifier ou désolidariser le crédit immobilier si le bien était financé conjointement.
Comment se calcule et se finance un rachat de soulte ?
Avant de racheter la part de son conjoint, il est essentiel de comprendre combien vous devrez verser et comment financer cette opération pour éviter les surprises financières.
Calcul de la soulte
Le calcul se fait en plusieurs étapes :
- Évaluation de la valeur du bien immobilier : cette estimation peut être réalisée par un notaire ou un expert immobilier. Elle prend en compte l’état du bien, sa localisation, le marché immobilier et, le cas échéant, les améliorations apportées.
- Déduction des dettes et crédits en cours : les emprunts restants dus sur le bien (prêts immobiliers, hypothèques) sont retranchés de sa valeur vénale pour obtenir la valeur nette du bien.
- Détermination de la soulte : la formule la plus courante consiste à prendre la moitié de la valeur nette du bien. Par exemple, si le bien vaut 300 000 € et qu’il reste 60 000 € de crédit, la valeur nette est de 240 000 €, et la soulte due serait de 120 000 €.
Financement du rachat
Le paiement de la soulte peut se faire :
- Par apport personnel : si le conjoint acquéreur dispose des fonds nécessaires.
- Par emprunt bancaire : il est fréquent de contracter un crédit pour financer le rachat.
- Désolidarisation du prêt immobilier : comme mentionné plus haut, si le bien est financé par un crédit commun, il faut que l’autre conjoint qui n’en garde pas la propriété soit libéré de toute responsabilité financière.
Cas particuliers
Une attention particulière s’impose dans certains cas de figure :
- Les biens avec plus-value potentielle : lorsqu’un bien est susceptible de prendre de la valeur dans les années à venir (exemple : quartier en développement ou projet immobilier à proximité), la valeur actuelle utilisée pour calculer la soulte peut sous-estimer la compensation réelle. Dans ce cas, les conjoints peuvent prévoir des clauses d’ajustement ou se baser sur des expertises récentes pour anticiper une plus-value future.
- Les biens en indivision ancienne ou avec plusieurs propriétaires : pour des biens détenus depuis longtemps ou appartenant à plus de deux personnes, le calcul de la soulte devient plus complexe. Il faut tenir compte de toutes les parts, droits et éventuelles dettes associées à chaque propriétaire. Cela nécessite souvent un accord plus détaillé entre toutes les parties et parfois l’intervention d’un notaire pour sécuriser juridiquement l’opération.
Quels frais prévoir et qui doit les payer ?
Le rachat de soulte implique plusieurs coûts qu’il faut anticiper :
- La soulte : correspond à la part du conjoint cédant et représente souvent la moitié de la valeur nette du bien. Elle est entièrement à la charge du conjoint acquéreur.
- Les frais notariaux : environ 2 à 3 % de la valeur du bien, pour la rédaction de l’acte et les formalités. Ils peuvent être partagés entre les conjoints, mais sont souvent pris en charge par l’acquéreur.
- Les frais d’expertise immobilière : 300 à 1 500 € selon la complexité et la taille du bien, à la charge du conjoint qui souhaite racheter.
- Les frais bancaires : intérêts et garanties liés au prêt si le rachat est financé par emprunt, payés par l’acquéreur.
Quels sont les rôles de l’avocat dans le rachat de soulte ?
L’avocat en divorce accompagne les conjoints pour prévenir les risques juridiques et sécuriser l’opération. Il doit :
- Vérifier : L’avocat contrôle la validité de l’accord entre conjoints.
- Accompagnement: Il conseille sur le calcul et la répartition de la soulte et s’assure du respect des droits des enfants et du conjoint cédant. Il oriente également sur les aspects fiscaux et financiers liés à l’opération.
- Anticipation : Il prépare et relit les documents avant signature chez le notaire afin d’anticiper les litiges potentiels.
- Médiation : En cas de désaccord, il propose des solutions amiables.
Le rachat de soulte offre une solution pratique pour répartir équitablement les biens avant un divorce. Il sécurise l’opération et clarifie les droits de chacun. Pour éviter tout conflit, il est recommandé de faire appel à un avocat en divorce.
POINTS CLÉS À RETENIR :
- La soulte compense financièrement le conjoint qui cède sa part d’un bien indivis.
- L’acte notarié officialise le transfert de propriété et protège les deux parties.
- Le financement peut inclure apport personnel, emprunt bancaire et désolidarisation du prêt.
Articles Sources
- legifrance.gouv.fr - https://www.legifrance.gouv.fr/loda/article_lc/LEGIARTI000006432651/2022-07-28
- legifrance.gouv.fr - https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000006433311/2025-09-20
- service-public.fr - https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F36328
- service-public.fr - https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F903
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