Le droit de l’enfant d’être entendu en cas de divorce
Il est tout à fait possible pour un enfant d’être entendu par le juge aux affaires familiales ou JAF dans le cadre d’une procédure de divorce. Cependant, cette démarche n’est possible que sous certaines conditions. De plus, le JAF est en droit de refuser la requête s’il estime que la situation l’exige. La prise de parole de votre enfant est-elle possible dans votre cas ? Vous trouverez rapidement la réponse à cette question en consultant un avocat spécialisé en divorce ou en droit de la famille.

À RETENIR : Quand et comment un enfant peut être entendu dans le cadre d’un divorce ?
Votre enfant peut être entendu par le juge à n’importe quel moment de la procédure de divorce suite à sa demande ou à la vôtre sous certaines conditions :
- Mineur avec une capacité de discernement ;
- Intervention dans son intérêt ;
- Audition autour d’une situation le concernant.
Souhaitez-vous en savoir plus sur le droit pour l’enfant d’être entendu au tribunal durant un divorce ? Lisez ce qui suit.
Qui peut être entendu et sous quelles conditions ?
D’une manière générale, la loi ne précise pas l’âge d’un enfant pouvant être entendu par le JAF. Toutefois, il est courant que le juge accepte ce type d’intervention si l’enfant est capable de discernement.
Une personne capable de discernement est un individu présentant des capacités de compréhension face à la situation qui se présente. Elle est aussi assez mature pour s’exprimer clairement, surtout sur les points du divorce qui le concernent.
Il s’agit souvent d’enfants à partir de 6 ou 7 ans. Au final, le juge statue au cas par cas avant d’autoriser l’intervention d’un enfant, surtout mineur.
Concernant la demande d’audition, elle peut être formulée d’après l’article 338-2 du Code de procédure civil :
- Par l’enfant ;
- Par le ou les parents.
La requête doit inclure des informations obligatoires comme :
- Le nom de l’enfant et des parents ;
- La référence du dossier pour le divorce ;
- La mention du respect d’obligation d’information à l’enfant sur son droit d’être entendu au tribunal.
Le juge aux affaires familiales peut refuser l’audition d’un enfant en cas :
- D’absence de discernement de l’enfant ;
- De procédure n’incluant pas le mineur ;
- D’intervention sans intérêt pour l’enfant.
Quand et comment demander l’audition du mineur ?
L’audition d’un enfant peut être demandée à n’importe quel moment de la procédure de divorce. Il existe même des parents sollicitant pour la première fois cette intervention en appel, devant le juge, selon l’article 338-2 du Code de Procédure civile. Ce dernier est aussi en mesure d’ordonner l’audition d’un mineur s’il juge cela nécessaire, notamment pour fixer :
- La résidence ;
- Le droit de visite ;
- L’exercice d’autorité parentale.
Pour la demande, qu’elle émane des parents ou de l’enfant, elle doit être faite par lettre manuscrite. Elle est à adresser directement au juge ou transmise par les parents si elle est rédigée par le mineur.
Voici un modèle de lettre que vous pouvez utiliser :
[Adresse complète]
[Téléphone]
[Email]
[Tribunal judiciaire de …]
[Adresse complète du tribunal]
Comment se déroule l’audition ?
Après avoir reçu une convocation écrite, l’enfant mineur est entendu en audition par le juge au tribunal :
- Seul : l’enfant est auditionné seul sans présence des parents ou des avocats.
- Avec un avocat : s’il le souhaite, il peut être accompagné par un avocat d’office ou celui de son choix. Avant l’audition, ce dernier s’assure que l’enfant comprend réellement la situation.
- Avec une personne de confiance ou un tiers désigné : il a le droit d’assister à l’interview en présence d’un proche de son choix. Le juge peut aussi désigner une personne travaillant dans le domaine social, psychologique ou médico-psychologique s’il constate l’incohérence de la décision du mineur.
L’audition du mineur est suivie par l’établissement d’un compte-rendu orienté vers l’intérêt de l’enfant. Le document relate les faits fidèlement aux dires de l’enfant sans tout raconter mot par mot.
Quelle portée a la parole de l’enfant ?
La parole de l’enfant peut avoir un impact sur la prise de décision du juge concernant :
- L’hébergement ;
- La garde ;
- Et autres faits incluant le mineur.
Le juge n’est pas obligé d’accepter les demandes de l’enfant. S’il prend en compte les sentiments du mineur, il n’est pas non plus tenu de le mentionner au jugement. Toutefois, il doit toujours indiquer avoir entendu le mineur. Toutes les parties concernées ont aussi le droit de consulter le procès-verbal de l’audition.
La Cour de cassation exclut l’obligation du juge à préciser l’importance des sentiments du mineur dans sa prise de décision. Cela a été décidé pour éviter que l’enfant porte le poids d’une décision après le divorce. D’autant plus que l’audition fait uniquement partie des nombreux éléments considérés par le JAF dans l’établissement du jugement.
Refus ou limites : dans quels cas le juge écarte l’audition et quels recours ?
Le juge a le droit de refuser d’entendre un mineur en respectant quelques conditions prévues par la loi :
- Demande formulée par l’enfant : le juge peut refuser une demande émise par le mineur en cas d’absence de discernement ou de situation dont il est exclu.
- Demande émise par les parents : le juge réfute souvent l’audition d’un enfant avec les mêmes motifs. Le cas échéant, il s’abstient de donner une suite favorable à la requête, car elle n’est pas nécessaire pour résoudre le problème relevé par les parents. Le refus de la demande d’audition d’un mineur peut aussi avoir un lien avec l’intérêt de l’enfant. Dans ce cas-ci, le juge doit motiver sa décision avec des éléments du dossier comme un rapport d’enquête sociale ou un examen psychologique.
Aucun recours n’est possible pour faire changer la décision de refus émise par le juge, car l’enfant ne fait pas partie de la procédure. La suite revient aux parents et au juge qui devra prendre des décisions sans l’avis du mineur.
Quand consulter un avocat ?
Engager un avocat est obligatoire pour les parties concernées par une procédure de divorce. De plus, il peut être d’une grande aide lorsqu’il s’agit d’auditionner un enfant mineur :
- Conseils : un avocat spécialisé en droit de la famille ou en divorce est en mesure de vous informer de vos droits en tant que parent pour demander l’audition d’un enfant. Il vous guide ou votre enfant pour la rédaction et l’envoi de la lettre adressée au juge.
- Stratégie : l’établissement d’une bonne stratégie est indispensable avant l’audition de votre enfant. Dans le cas d’une demande émise par l’enfant, l’avocat a un rôle important d’informateur sur le déroulement et l’importance de l’audition. Il prépare aussi l’enfant pour qu’il puisse exprimer clairement ses sentiments.
- Preuves utiles : votre avocat ou celui de votre enfant vous aide à réunir les preuves dont vous avez besoin pour défendre votre cause avec l’audition. Vous devez être en mesure de justifier la pertinence de l’intervention de votre enfant durant la procédure en cours.
Pour conclure, un enfant a le droit d’être entendu devant le tribunal s’il montre des capacités de discernement. La demande peut être formulée par lui-même ou ses parents. Dans les deux cas, il est important d’être accompagné par un avocat en droit de la famille ou en divorce pour bénéficier de conseils adaptés à votre situation pendant toute la procédure.
POINTS CLÉS À RETENIR :
- Votre enfant peut demander à être entendu par le juge durant la procédure de divorce.
- Vous pouvez aussi envoyer une requête pour l’audition de votre enfant.
- Le juge a le droit de refuser votre requête si les conditions ne sont pas réunies.
Articles Sources
- service-public.fr - https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F10479
- legifrance.gouv.fr - https://www.legifrance.gouv.fr/codes/id/LEGISCTA000006117231/







