Le rôle d’un commissaire de justice en cas de pension alimentaire non payée

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Lors du prononcé du divorce, le juge a précisé dans le jugement que votre ex-partenaire doit payer mensuellement une somme définie en guise de pension alimentaire. Pourtant, depuis quelques temps, il n’effectue aucun paiement ou vous verse des sommes incomplètes ? Rassurez-vous ! Dès que vous détenez un document comme un rendu de jugement du Jaf ou une convention signée, vous pouvez engager la procédure de paiement direct avec l’aide d’un commissaire de justice. Ce commissaire de justice a pour rôle de demander directement le paiement de la pension auprès d’un tiers à qui le débiteur doit de l’argent comme son employeur ou sa banque. Que faire en cas de pension alimentaire impayée ? La consultation d’un avocat spécialisé dans les demandes et révisions de pension alimentaire ou un avocat en droit de la famille est indispensable pour vous conseiller sur la procédure à suivre.

Le rôle de l'huissier de justice en cas de pension alimentaire non payée

À RETENIR : Quel est le rôle du commissaire de justice en cas de non paiement de la pension alimentaire ?

Le commissaire de justice a pour rôle de demander directement le paiement de la pension auprès d’un tiers à qui le débiteur doit de l’argent à l’exemple de son employeur ou de sa banque. Il peut intervenir dans le cadre d’une procédure de paiement direct, rapide et sans décision judiciaire supplémentaire.

Découvrez les essentiels à connaître sur le rôle du commissaire de justice dans le paiement de la pension !

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Recours juridiques en cas de pension alimentaire impayée

La pension alimentaire et son montant sont fixés par le juge aux affaires familiales. Le versement de la pension alimentaire par le débiteur est une obligation. S’il manque à cette obligation, le créancier peut intenter des procédures de la liste suivante :

  • Recouvrir le montant de la pension alimentaire non versée ;
  • Attaquer le débiteur en justice devant le tribunal.

Avant d’engager toute procédure forcée, vous pouvez adresser une mise en demeure par courrier recommandé avec accusé de réception, rappelant l’obligation de payer. Mentionnez qu’à défaut de régularisation, des poursuites pour délit d’abandon de famille (article 227-3 du Code pénal) pourront être engagées.

Bon à savoir :

Le délit d’abandon de famille est constitué si le parent débiteur ne verse pas la pension pendant plus de 2 mois, ce qui peut entraîner :

  • Une amende pouvant aller jusqu’à 15 000 € ;
  • Une peine de 2 ans d’emprisonnement.

Par ailleurs, si le débiteur organise ou aggrave frauduleusement son insolvabilité, il commet une autre infraction punie de 3 ans de prison et 45 000 € d’amende.

Si la procédure de paiement direct n’aboutit pas, d’autres moyens existent :

  • Saisie-attribution : sur le compte bancaire du débiteur.
  • Saisie-vente : des biens mobiliers du débiteur.
  • Intermédiation financière CAF / MSA via l’Aripa : Cette procédure gratuite permet à la CAF ou la MSA de percevoir la pension à votre place. Elle concerne uniquement les 24 derniers mois d’arriérés et les échéances futures.
  • Recouvrement par le Trésor public : En dernier recours, vous pouvez saisir le Procureur de la République. Vous devrez prouver l’échec des autres procédures. Si la demande est acceptée, la pension est recouvrée avec une majoration de 10 % au profit du Trésor public.

Qu’est-ce que la procédure de paiement direct ?

Avant de répondre à la question, il est important de donner les définitions des termes de la liste suivante :

  • Le créancier est le parent qui a la garde de l’enfant et qui doit régulièrement percevoir la pension alimentaire.
  • Le débiteur est le parent qui doit verser la pension alimentaire afin de contribuer aux charges de l’enfant.
  • Le tiers est une personne ou un organisme à qui le débiteur doit de l’argent, à l’exemple l’employeur du débiteur ou un dépositaire de ses fonds, notamment sa banque.

La procédure de paiement direct est un moyen rapide et efficace de récupérer une pension alimentaire impayée. Elle consiste à réaliser soit une saisie sur salaire, soit une saisie sur compte bancaire. Autrement dit, le commissaire de justice envoie une notification au tiers afin que ce dernier verse directement la pension alimentaire due au parent créancier.

 Dans quels cas peut-on l’utiliser ?

Cette procédure peut être engagée dès le premier impayé, même en cas de retard d’un seul jour. Il n’est pas nécessaire d’attendre plusieurs échéances avant d’agir.

Cependant, elle suppose que le créancier dispose d’un titre exécutoire fixant le montant de la pension alimentaire. Ce document peut prendre la forme :

Quelles sommes peuvent être récupérées ?

Le paiement direct permet de recouvrer les arriérés des six mois précédant la notification de la procédure, ainsi que toutes les échéances à venir (on parle de sommes à échoir).

À noter :
  • Si le tiers destinataire de la demande refuse de payer sans motif valable, il s’expose à une amende de 1 500 €, portée à 3 000 € en cas de récidive.
  • Les arriérés sont versés par mensualités, répartis sur une période maximale de 12 mois.
  • Les frais de procédure sont intégralement à la charge du débiteur, aucun paiement ne peut être exigé du parent créancier.
  • Enfin, si la procédure est engagée de manière abusive ou frauduleuse, le créancier peut être condamné à une amende civile allant jusqu’à 10 000 €.

Quel est le rôle du commissaire de justice dans la procédure de paiement direct ?

Le commissaire de justice (anciennement huissier) joue un rôle central dans la mise en œuvre de la procédure de paiement direct. Il agit à la demande du créancier de la pension alimentaire, et ce, dès le premier impayé, sans qu’aucun délai d’attente ne soit requis.

Il commence par récolter les documents de la liste suivante :

  • Une photocopie du titre exécutoire, c’est-à-dire du jugement relatif à la pension alimentaire ;
  • Un décompte de toutes les sommes dues par le débiteur au créancier ;
  • Les informations utiles du débiteur : nom, prénoms, adresse de son domicile, numéro de sécurité sociale ;
  • Les coordonnées du tiers.

Le commissaire de justice notifie la procédure au tiers. Ce dernier dispose d’un délai de 8 jours après la notification pour répondre s’il est ou non en mesure de réaliser le paiement.

À savoir :
Si le créancier ne connaît pas l’adresse du débiteur ou de son employeur, le commissaire de justice peut les demander à l’administration fiscale, à la sécurité sociale, au fichier national des chèques irréguliers (FNCI) ou aux fichiers départementaux des cartes grises des préfectures.
Le rôle du commissaire de justice consiste principalement à engager une procédure de paiement direct. Toutefois, il peut également engager une procédure de saisie (des biens immobiliers ou des comptes bancaires) si la procédure de paiement direct n’aboutit pas.

Le débiteur peut-il contester la procédure de paiement direct ?

Oui, le débiteur peut contester la procédure de paiement direct. Pour ce faire, il doit saisir le juge du tribunal de son lieu de résidence.

Dans tous les cas, cette demande n’arrête pas la procédure. Le tiers doit continuer le paiement jusqu’à ce que le jugement soit rendu.

Pourquoi consulter un avocat en cas de pension alimentaire impayée ?

Si le commissaire de justice met en œuvre la procédure de paiement direct, l’avocat reste un allié indispensable pour :

  • Évaluer la meilleure stratégie : paiement direct, saisie-attribution, recouvrement via la CAF/ARIPA ou recours au Trésor public.
  • Sécuriser vos démarches : s’assurer que le titre exécutoire est valable et que la procédure est correctement engagée.
  • Engager des poursuites pénales : déposer plainte pour abandon de famille (article 227-3 du Code pénal) ou organisation frauduleuse d’insolvabilité.
  • Demander une révision de la pension alimentaire : en cas de changement de situation (revenus, charges, garde des enfants).
  • Représenter vos intérêts devant le juge : par exemple, si le débiteur conteste la procédure de paiement direct ou sollicite une réduction de la pension.

Pour conclure, en cas de pension alimentaire non payée, le parent qui a la garde de l’enfant dispose de plusieurs recours pour réaliser le recouvrement, notamment l’engagement d’une procédure de paiement direct. Le cas échéant, les services d’un commissaire de justice sont obligatoires. Les frais de ce commissaire de justice sont à la charge du débiteur. Par ailleurs, un de nos avocats spécialisés dans les demandes et révisions de pension alimentaire ou un avocat spécialisé en droit de la famille est un autre auxiliaire de justice qui pourra vous venir en aide.

POINTS CLÉS À RETENIR

  • Le versement de la pension alimentaire est une obligation légale et son non-paiement peut constituer un délit d’abandon de famille puni par l’article 227-3 du Code pénal.
  • La procédure de paiement direct permet au créancier d’obtenir les sommes dues dès le premier retard, même d’un seul jour.
  • Pour engager cette procédure, il faut disposer d’un titre exécutoire comme un jugement, une convention homologuée ou un acte notarié.
  • Le paiement direct couvre les six derniers mois impayés ainsi que toutes les échéances à venir.
  • Les frais de la procédure sont entièrement à la charge du débiteur et non du créancier.
  • Le commissaire de justice notifie la demande au tiers débiteur dans un délai de huit jours et informe en même temps le débiteur.
  • Si le paiement direct échoue, le commissaire de justice peut recourir à d’autres voies d’exécution comme la saisie-attribution ou la saisie-vente.
  • D’autres recours existent, comme l’intermédiation financière via la CAF/MSA ou le recouvrement par le Trésor public.